Max Gallo, l’homme de l’âme. Partie 2. Le roman national comme religion révélée.

Après un premier article publié en novembre dernier, nous continuons l’analyse des travaux de Max Gallo1. L’académicien, qui affirme vouloir « ranimer le roman national français »2, propose surtout de célébrer les racines chrétiennes de la nation, de voir l’histoire de France comme une réalisation providentielle et la nationalité comme un acte de foi.

UN ROMAN NATIONAL RELIGIEUX ET PROVIDENTIEL

Jean Alaux, "Le Baptême de Clovis", 1825.
Jean Alaux, « Le Baptême de Clovis », 1825.

C’est sans doute par son lexique religieux que se distingue le roman national de Max Gallo, qu’il théorise dans L’Âme de la France (2007). Nous verrons d’ailleurs que les deux sont liés. Insérer dans le titre de son livre le terme « âme » (alors que d’autres auraient parlé « d’identité » ou de « racines ») et prétendre que la France en aurait une n’est pas anodin. Pas plus que ne l’est cette citation de l’ouvrage où nous avons mis en gras les termes relevant du champ lexical religieux, et spécifiquement du vocabulaire catholique.

Tel Napoléon Bonaparte, celui-ci sera l’incarnation de la nation, il lui procurera grandeur et gloire, confirmera qu’elle occupe avec lui une place singulière dans l’histoire des nations.
Il sera aussi un homme du sacrifice, gravissant le Golgotha, aimé, célébré, entrant au Panthéon de la nation après avoir été trahi par les judas qui l’auront vendu pour quelques deniers.
La légende napoléonienne sous-tend à son tour et renforce cette lecture « christique » de l’histoire nationale.
La France se veut une nation singulière, et il lui faut des héros qui expriment l’exception qu’elle représente.
Elle les attend, les sacre, s’en détourne, puis elle prie en célébrant leur culte.
« Fille aînée de l’Église », cette nation a gardé le souvenir des baptêmes et des sacres royaux, des rois thaumaturges.
La révolution laïque n’a changé que les apparences de cette posture3

Cette longue citation mérite une analyse complète. De prime abord, Max Gallo insiste sur un fait essentiel. Le fil conducteur de l’histoire de France semble être la « posture » religieuse qu’adoptent les différents régimes successifs, que ce soit les rois ou les révolutionnaires. Mais, en plus de permettre l’affirmation d’une continuité pluri-millénaire de la France, l’emploi de métaphores religieuses remplit, dans la rhétorique historique de Max Gallo d’autres fonctions.

L’HISTOIRE, UN ACTE DE FOI

Il s’agit tout d’abord de voir la construction du fait national non comme un long processus, mais comme un acte de foi constamment renouvelé au fil des siècles. Un positionnement qui se retrouve souvent chez d’autres historiens de garde comme Christophe Barbier (qui avait déjà ouvert largement les colonnes de L’Express à Dimitri Casali4) qui explique ainsi, dans un éditorial récent d’un numéro spécial consacré à l’histoire de France, que cette dernière (identifiée, comme chez Michelet et Gallo, à une personne), « ignore les origines des citoyens pour les faire siens s’ils adhèrent à la charte mystérieuse de la communauté nationale ». Outre l’emploi du mot « charte » (qui n’a rien d’anodin. Il fait sans doute une référence à la Restauration de 18145), on remarquera surtout l’emploie par Christophe Barbier du mot « mystère » (évoquant le mystère de la Trinité), qui évacue d’emblée toute explication rationnelle. Devenir français n’est pas un statut légal, mais un acte de foi, une adhésion à des valeurs et à des caractéristiques que l’éditorialiste se garde bien de décrire ou de définir.

Max Gallo va plus loin. Pour lui, l’adhésion se transforme en acte d’amour, presque en union charnelle, qui se serait répété au fil des millénaires, unifiant une terre (toujours la même) avec ses habitants successifs.

Elle [la France] suscite chez les peuples venus des immenses forêts […] le désir de s’enraciner en elle. […] On la façonne, on l’aime. Elle cesse de n’être qu’un territoire. » 6

Cet accouplement est nécessaire, selon lui, à l’existence même de la nation : « La France n’existe que par l’amour qu’on lui porte. »7. Cesser de croire en elle, cesser de voir dans son histoire une grande épopée et d’en raconter – comme le fait Max Gallo – le roman national, et ce sera le chaos et la « crise nationale » menant à la « déconstruction des institutions ». Une absence de foi caractéristique, évidemment, des adeptes de la « repentance ».

Ceux qui ne croient plus en l’avenir de la France ou qui refusent de s’y inscrire déconstruisent son histoire, n’en retiennent que les lâchetés, la face sombre. »8

Si le roman national relève de l’acte de foi, l’histoire critique serait donc, a contrario, un acte de haine et de destruction. C’est du moins ce qu’a récemment affirmé un autre académicien, Pierre Nora (qui fréquente également Max Gallo dans l’association Liberté pour l’Histoire9), qui voit dans la remise en cause de l’histoire nationale le fait d’ « historiens jeunes, et parfois moins jeunes » motivés « par un ressentiment à l’égard de la France. »10.

RÉHABILITER LE CATHOLICISME

Si la lente construction historique de la France et son ciment actuel sont des actes de foi, Max Gallo précise qu’il ne peut s’agit de n’importe laquelle. « La foi catholique est l’âme de la France » affirme ainsi en 2011 ce récent converti2.
On nous objectera que Max Gallo ne cesse de se réclamer de la laïcité. Certes, mais encore faut-il voir de quelle laïcité il est question. En effet, il lie cette notion (qui est une création récente) au baptême de Clovis.

La laïcité : elle naît avec le baptême de Clovis. Le roi est chrétien mais, quand vous lisez les lettres de Rémy, l’évêque de Reims, celui-ci dit à Clovis : tu as le glaive, moi, j’ai un autre pouvoir. Dès l’origine, il y a séparation entre le politique et le religieux12.

Max Gallo réussit, en trois lignes, un véritable tour de force en faisant découler la laïcité de l’Église catholique et du travail des rois de France. La séparation de l’Église et de l’État n’est donc plus le fruit d’une lutte qui fit rage tout au long du XIXe siècle, combat dans lequel Clovis servait de figure de ralliement à ceux qui s’opposaient à la sécularisation de la République13.
L’académicien joue en fait sur une confusion forte. Que ce soit au Ve siècle ou au XVe, la question n’était pas celle de la séparation, mais celle de la prééminence. Rois, évêques, cardinaux, papes, tous se sentaient membres d’un ensemble chrétien. Restait à savoir qui devait prendre la tête de cet ensemble. Les monarques, ou les prélats.

Voilà une réflexion sur laquelle Max Gallo n’a pas le temps de s’attarder. Car la catastrophe menace ! Tout comme la France en butte à une « crise identitaire », la foi catholique hexagonale est menacée (les deux événements semblent d’ailleurs liés pour l’académicien). Dans son Dictionnaire amoureux, il consacre ainsi tout un article à ce qu’il appelle la « déchristianisation ». Ce terme fait référence aux campagnes de déchristianisation de la Révolution française, sous la Convention, période honnie par les historiens de garde et par Gallo lui-même14 Ce n’est donc pas un hasard si, pour illustrer cet article, l’artiste Alain Bouldouyre a choisi de représenter des prêtres envoyés à la guillotine. L’idée est, évidemment, d’associer la déchristianisation à une image sanglante et catastrophique.

Image illustrant l'article "déchristianisation" du "Dictionnaire amoureux de l'Histoire de France" (2011), p. 103. La sécularisation de la société française est associée à un processus sanglant.
Image illustrant l’article « déchristianisation » du « Dictionnaire amoureux de l’Histoire de France » (2011), p. 103. La sécularisation de la société française est associée à un processus sanglant.

Mais le terme de déchristianisation induit surtout que seul le christianisme (et plus particulièrement le catholicisme), en France, serait en perte de vitesse. Cette impression est confirmée si on lit de près l’article, notamment cette citation :

Quel changement, quelle révolution silencieuse, au moment où l’islam réclame la place qui lui est due dans le concert des cultes puisqu’il est désormais la deuxième religion de France.
Les jeux sont-ils faits ? Le catholicisme, longtemps horizon de la civilisation française, vit-il ici, sur la terre de Saint Louis et de sainte Jeanne d’Arc, son crépuscule ? La France, objet d’amour parce qu’elle était la fille aînée de l’Église, ne va-t-elle pas se fragmenter en communautés ? Et de la France de la diversité, tant vantée, ne glissera-t-on pas à une France divisée ? Où l’on n’aimera plus que son morceau de terre ? Devra-t-on dire adieu à « une certaine idée de la France » ?15

La phrase centrale (soulignée pas nos soins), appelle des commentaires. En effet, Max Gallo justifie la nécessité du ciment de la foi catholique par un argument historique bien connu. Le christianisme serait un élément important, essentiel, à la construction de la France, source d’amour à la fois pour Dieu et pour le pays. C’est tout l’objet de la première partie de l’article « Déchristianisation », où l’académicien égrène une longue litanie d’images sans cesse répétée (Clovis, les cathédrales, les pèlerinages). Cette union naturelle entre un pays et une foi, donc un Dieu, garant de son exceptionnalité, a été rompue. L’académicien en cherche les causes. Figurent en tête de la liste des accusés la Révolution, bien sûr, mais surtout des bouleversements plus récents. Quels sont-ils ? La repentance, dont nous avons déjà parlé dans le précédent article, mais également l’islam. Preuve en est que, pour l’académicien :

On craint l’action des minorités musulmanes radicales. Or, l’islam est devenu la deuxième religion de France. Les fidèles, pour l’heure, acceptent les lois laïques. Mais la minorité intégriste les remettra-t-elle en cause, entraînant la majorité des fidèles ?16

"Mon travail, c'est de ranimer le roman national français." M. Gallo, 14 juillet 2011.
« La foi catholique est l’âme de la France. » M. Gallo, 14 juillet 2011.

Aussi, si l’influence et la présence du catholicisme sont vues, par Max Gallo, comme historiquement positives, celles des musulmans (les seules, au passage, a être assimilés à l’intégrisme) sont perçues comme un problème et un danger pour l’avenir. La création du Conseil français du culte musulman est ainsi la « preuve de l’émiettement désirée de l’identité française. »17. « Désirée », car selon l’académicien, il y aurait comme une volonté délibérée de détruire l’identité nationale, une volonté toujours là, comme un diable conjuré contre la nation, tapie, dans l’ombre, prêt à frapper. Ce point de vue, Max Gallo l’exprime clairement dans un livre d’entretiens récent. Dressant les dix caractéristiques qui fondent l’identité de la France, il explique que la dernière serait :

La permanence des forces de désagrégation qui menacent l’unité fragile de ce pays. Nous sommes toujours menacés d’éclatement et aujourd’hui peut-être plus que jamais du fait de la progression du communautarisme18.

Cette menace constante justifierait, évidemment, la nécessité permanente d’en appeler à un sauveur, instrument de la résurrection nationale.

LA FRANCE, OUTIL DE LA PROVIDENCE

Les références constantes à un lexique ou à la métaphore religieuse sont aussi un moyen d’exprimer une exceptionnalité de la France. Comme l’a affirmé Max Gallo lui-même, le martyre de plusieurs de ses grands hommes permet au roman national de prendre des allures bibliques. Le sacrifice est comparable à celui du Christ et se veut avoir une portée mondiale, comme c’est le cas avec Vercingétorix :

Mais le sang répandu, les violences subies, les martyres endurés, ne sont jamais oubliés. Ils irriguent la longue mémoire d’un lieu, d’un territoire. […] Et l’âme s’y abreuve, découvrant ces dix mois de résistance, ce chef gaulois, Vercingétorix, qui devient un héros emblématique.
L’âme prend aussi conscience que c’est en Gaule que s’est joué le sort de l’Occident – l’histoire mondiale d’alors.19

Comme le montre la dernière phrase, le destin de la France est d’autant plus exceptionnel qu’en dehors de l’Occident (qui résume à lui seul l’histoire du monde), il n’y a pas d’histoire. Des propos européano centrés qui annoncent en partie le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy 20
Mais c’est surtout lorsqu’il raconte la mort de de Louis IX (saint Louis) à Tunis en 1270, en pleine croisade, que Max Gallo est le plus explicite quant à la destinée manifeste de la France :

Le roi de France n’est pas seulement saint, mais martyr.
Comment certains n’imagineraient-ils pas, après un tel apogée, que la France est promise à un destin exceptionnel, quelle est une nation sainte ?
« J’ai d’instinct l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires » écrira de Gaulle21.

Providence, le mot est lâché. Car la France doit à des forces qui dépassent l’entendement d’être née sous une bonne étoile. D’emblée, sa terre elle-même est décrite comme supérieure aux autres :

Ses paysages sont divers, ses fleuves paisibles, sa terre fertile, le climat moins brutal qu’ailleurs.6

Mais c’est surtout par son exceptionnelle résilience que la France développe au long de son histoire. On le sait, la défaite, dans les diverses versions du roman national, à toujours été fondatrice, car elle permettait de montrer la capacité de la France à renaître23. Cette résurrection ne peut à chaque fois se faire qu’à travers un homme providentiel qui incarne le pays et dont Max Gallo aime faire le panégyrique ou la promotion. La citation de De Gaulle, tirée des Mémoires de guerre, parle évidemment de la Débâcle pour mieux faire ressortir le besoin d’un grand homme incarnant la France. Dans le contexte de la rédaction de L’Âme de la France (la campagne de l’élection présidentielle de 2007), cette vision, combinant catastrophisme et appel à un sauveur, n’a évidemment rien d’innocent. Elle a pour but d’annoncer que le choix de l’académicien se portera vers Nicolas Sarkozy, présenté comme le seul homme capable de faire face à la crise, notamment la crise d’identité qui menace son âme24.
Lorsque la Providence ne peut compter sur le grand homme, c’est parfois la terre elle-même qui, par son seul pouvoir, réussit à assurer le destin national.

Restent les Francs qui […] sont pris par cette terre qui les conquiert autant qu’ils croient la posséder25.

Nous nous unissons aux Romains. Dès lors, nous sommes vainqueurs, puisque nous ne sommes plus seulement gaulois, mais gallo-romains !26

LES RACINES DE MAX GALLO

L’idée d’une exceptionnalité providentielle de la France, destinée à éclairer le monde (que l’on retrouve chez Jean-François Kahn, pour qui les Gaulois seraient les inventeurs des droits de l’homme), n’est pas une invention de Max Gallo, loin s’en faut. Elle est pourtant datée.

Il faut d’abord distinguer les rois de France de la France. C’est en effet à partir du XIIIe siècle, et notamment sous le règne de Philippe le Bel, que les monarques capétiens se sont présentés comme des rois très chrétiens, n’hésitant pas à pontificaliser la fonction monarchique, au point de contester au pape certaines de ses prérogatives sur le territoire du royaume 27. Par contre, l’expression « France, fille aînée de l’église » date quant à elle du XIXe siècle et se déploie dans un tout autre cadre. Il s’agit, pour une partie de l’épiscopat, de contrer l’idéologie révolutionnaire et de réaffirmer la place de l’Église dans une société qui se sécularisait peu à peu. L’un des promoteurs les plus infatigables de cette expression, le cardinal Langénieux (1824-1905. Il fut également archevêque de Reims, ville du sacre), ira jusqu’à affirmer au moment de la célébration du XIVe centenaire du baptême de Clovis que :

Quand Dieu voulut, après l’ère si douloureusement féconde des persécutions, donner à son Église une constitution sociale plus stable et l’émanciper de la tutelle gênante et précaire de l’Empire romain, il créa la France pour qu’elle fût dans le monde l’instrument de sa Providence28

L’idée de cette exceptionnalité providentielle de la France sera sécularisée par une partie des républicains, tel Michelet, qui écrivait :

De la déduction du passé, découlera pour vous l’avenir, la mission de la France ; elle vous apparaîtra en pleine lumière, vous croirez, et vous aimerez à croire ; la foi n’est rien autre chose29.

Michelet n’est pas un cas isolé. Depuis l’article de Maurice Crubelier « De l’histoire sainte à l’histoire de France », on commence à entrevoir aussi ce que l’enseignement de l’histoire laïque, qui s’est peu à peu imposé durant la seconde moitié du XIXe siècle, doit à l’enseignement religieux et plus particulièrement à l’histoire sainte enseignée dans les écoles , notamment en ce qui concerne la méthodologie30, 114, 2007.]. La France providentielle deviendra celle des droits de l’homme qu’il fallait répandre sur le monde et dans les colonies pour les « civiliser », quitte à en dévoyer les principes. Comme l’a écrit M. Crubelier : « le progrès a remplacé l’action providentielle. Le Progrès est le nouveau dogme ; la France en a été le champion. D’un peuple saint, on est passé à un autre peuple saint. »31

CONCLUSION : MAX GALLO, LE PREMIER DES « HISTORIENS DE GARDE »

En écrivant le livre Les Historiens de garde, il nous avait semblé que Max Gallo n’appliquait pas les mêmes méthodes médiatiques et publicitaires qui sont à l’origine du succès d’auteurs comme Stéphane Bern ou Lorànt Deutsch. De plus, l’académicien, de prime abord, ne produisait que des romans historiques, et pas des livres ayant vocation à représenter le passé de manière « authentique » pour reprendre un propos de Lorànt Deutsch. Aussi l’avions-nous exclu de notre analyse. Ce fut une erreur. Non seulement Max Gallo bénéficie d’une couverture médiatique importante, mais toute son œuvre procède de la même ambiguïté fondatrice que celle qui préside aux travaux des historiens de garde : la confusion, volontairement entretenue, entre Histoire et fiction. Une pratique appliquée depuis par Basile de Koch et son « vrai-faux manuel d’histoire », Lorànt Deutsch ou par Philippe de Villiers, dernier venu parmi les historiens de garde, qui expliquait récemment à propos de sa dernière biographie de Louis IX que : « Le roman de saint Louis n’est pas un roman, c’est la vie de saint Louis qui est un roman. »32

Cette confusion n’a rien de gratuite. Sous la plume de l’académicien, l’Histoire (re)devient une véritable religion révélée de la patrie, au service du pouvoir en place. Elle ne s’adresse pas à des individus critiques, mais, au mieux, à des consommateurs d’images d’Épinal, et, au pire, à des thuriféraires de l’ordre botté et rasé. Une histoire contre laquelle, en 1919, déjà, Lucien Febvre mettait en garde :

L’histoire qui sert, c’est une histoire serve. Professeurs de l’Université Française de Strasbourg, nous ne sommes point les missionnaires débottés d’un Évangile national officiel, si beau, si grand, si bien intentionné qu’il puisse paraître. […] La vérité, nous ne l’amenons point, captive, dans nos bagages. Nous la cherchons. Nous la chercherons jusqu’à notre dernier jour. Nous dresserons à la chercher après nous, avec la même inquiétude sacrée, ceux qui viendront se mettre à notre école33.

William Blanc

  1. Nous remercions Nathalie Dalla Corte pour sa traduction et sa patience.
  2. Le Point, 14 juillet 2011.
  3. L’âme de la France, p. 354.
  4. Voir Les Historiens de garde, p. 219
  5. Il est intéressant de remarquer que c’est sous la Restauration qu’ont été écrites les premières esquisses de roman national. Voir à ce titre S. Venayre, Les Origines de la France, Seuil, 2013, p. 26-33.
  6. Dictionnaire amoureux, p. 13.
  7. Ibid.
  8. L’Âme de la France, p. 590.
  9. Voir M. Gallo, Histoires particulières, Paris, 2009, p. 91.
  10. Voir à ce sujet l’article de Vincent Capedepuy « Le déni du Monde », aggiornamento.hypotheses.org, 17 juin 2013.
  11. Le Point, 14 juillet 2011.
  12. Max Gallo, Histoires particulières, p. 84. Texte en gras souligné par nos soins.
  13. Voir C. Amalvi, « Le baptême de Clovis : heurs et malheurs d’un mythe fondateur de la France contemporaine, 1814-1914 », Bibliothèque de l’école des chartes, 147, 1989, p. 583-610.
  14. « La Bastille tombée, la violence cruelle et barbare, lourde de ressentiment, se déchaîne. Elle s’est accumulée depuis des siècles. (…) Et le désordre s’installe. Plus personne n’est capable de rétablir l’ordre, de faire rentre le fleuve dans son lit. » Dictionnaire amoureux, p. 402. Cette image négative rentre-t-elle en contradiction avec la citation (bien plus positive) tirée de L’Âme de la France selon laquelle « La Révolution, la République, sont l’assomption de la nation. » (p. 327) ? Pas si l’on comprend que, pour Max Gallo, la Révolution positive (dont il est question ici) est incarnée par Napoléon.
  15. Dictionnaire amoureux, p. 104. Voir également « Interview de Max Gallo », Le Figaro Magazine, 16 avril 2011.
  16. Dictionnaire amoureux, p. 271.
  17. L’âme de la France, p. 586.
  18. M. Gallo, Histoires particulières, p. 85.
  19. L’âme de la France, p. 47-48. Notons encore une fois le jeu des métaphores christiques : « le sang répandu » dont l’âme « s’abreuve ».
  20. « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. » Discours prononcé le 27 juillet 2007 à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Sénégal). On remarquera que ce genre de propos semble être l’apanage de ceux qui défendent une vision nationale de l’histoire. Ainsi, Pierre Nora, en introduction du premier tome des Lieux de mémoire (certes composé au début des années 1980), explique ainsi qu’ « à la périphérie, l’indépendance des nouvelles nations a entraîné dans l’historicité les sociétés déjà réveillées par le viol colonial de leur sommeil ethnologique. » P. Nora, « Entre Mémoire et Histoire. La problématique des Lieux » dans Les Lieux de mémoires, Gallimard, 1997 (1ère édition 1984), p. 23. Les connaisseurs de l’histoire africaine apprécieront l’allusion au « sommeil ethnologique ».
  21. L’Âme de la France, p. 94. Max Gallo ne précise évidemment pas d’où est tirée cette phrase (aucune source des citations n’est proprement indiquée). Il s’agit de Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome I, L’Appel, p. 1. Rappelons que, sur la base de la Croix de Lorraine de Colombey-les-Deux-Églises est inscrite la phrase suivante : « Il y a un pacte plusieurs fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté dans le monde. ». Voir Maurice Agulhon, De Gaulle. Histoire, symbole, mythe, Hachette, 2001 (1ère édition 2000), p. 12.
  22. Dictionnaire amoureux, p. 13.
  23. Le mythe de la défaite fondatrice a été largement utilisé par divers régimes, que ce soit en 1870 ou après 1940 par Vichy qui usa et abusa de l’image d’Alésia. Voir à ce sujet l’article sur le blog de J-P Demoule, « Alésia ou la défaite fondatrice », jeanpauldemoule.com, 5 avril 2012. Sur la notion de défaite fondatrice, voir P. Joutard, Histoire et mémoires, conflits et alliance, La Découverte, 2013, p. 102-107.
  24. On notera qu’un autre historien de garde, Dimitri Casali, affirme lui aussi sa foi dans la venue d’un nouvel homme providentiel pour sauver la France de la crise. Voir à ce titre cet article, daté du 19 septembre 2013.
  25. L’âme de la France, p. 57
  26. Dictionnaire amoureux… p. 26
  27. Voir à ce titre le fascinant article Julien Théry, « Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des « perfides templiers » et la pontificalisation de la royauté française », Médiévales, 60, printemps 2011.
  28. Voir, à ce sujet, S. Venayre, op. cit., p. 67-84.
  29. J. Michelet, Le Peuple, Paris, 1974 (1ère éd. 1846), p. 238.
  30. Voir A. Bruter, « Un laboratoire de la pédagogie de l’histoire. L’histoire sainte à l’école primaire (1833-1882) », Histoire de l’éducation [En ligne
  31. M. Crubellier, « De l’histoire sainte à l’histoire de France », Les Cahiers aubois d’histoire de l’éducation, n° spécial 10-a : Colloque 1986. Les manuels scolaires, 1988, pp. 89-104.
  32. Nouvelle de France, le 10 décembre 2012.
  33. L. Febvre, « L’Histoire dans un monde en ruine », Revue de Synthèse Historique, t. XXX, 1920, Leçon d’ouverture, faculté des lettres de Strasbourg, 4 décembre 1919. Le texte complet est disponible sur le site fr.wikisource.org, consulté le 3 mars 2014.

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